Impossible de parler de la culture graffiti sans évoquer les crews. Trois lettres pour définir des groupes de passionnés qui se rassemblent pour graffer. Beaucoup critiqués, parfois craints et sans cesse pourchassés par les autorités, les crews revendiquent une réelle identité et philosophie de vie.
Rarement mis sous les projecteurs, Strip Art a voulu rompre avec la tradition en donnant la parole à un crew du sud parisien : les STS.
Créé dans les années 90, le STS crew a vu passer bon nombre de têtes. Nous avons rencontré trois de ses membres : Katre, Seth One et Jamer. Malgré leur style et leur parcours différent, ils nous ont embarqué dans une seule et même histoire, et nous ont délivré leur vision du crew.
#1 Les racines du crew
A propos de l’acronyme STS…
« KATRE : Le problème c’est que le blaze du crew, au bout d’un moment, ça veut dire ce que tu veux. Après il y a des significations qui reste dans le temps… »
« SETH ONE : Il y a celui qui résume l’état d’esprit qu’on a gardé depuis cette époque là c’est Still The Same. On est toujours les mêmes finalement, on a toujours 15 ans dans nos têtes ! »
Seth One
Né en 1977, il grandit dans le département du 92 avant d’intégrer des groupes du 14ème arrondissement de Paris. Seth One fait pendant les années 90 partie de plusieurs crews parisiens dont les STS et CLM. Il a souvent posé aux côtés de son acolyte RESPÉ.
Fervent vandale, il développe un style très coloré où les lettres se mêlent tout en restant lisibles. Il pratique aujourd’hui le graffiti sur toile dans son atelier, en parallèle d’une vie professionnelle et personnelle bien chargée !
«JAMER: Tous les gens qui font du tag le disent: ça devient un virus.»
A propos de leur blaze…
« JAMER : C’est vraiment une nouvelle identité que tu prends et que tu choisis à la différence de ton prénom. Tu te forges une identité à partir de 0. »
#2 Leur art de vivre
« JAMER : Jusqu’à 70 ans je crois qu’on regardera les nouveaux tags, les nouvelles manières de faire, c’est comme si c’était entré dans ton ADN ! »
Jamer
Né en 1976 dans le 14ème, il découvre le graffiti dans les rames de métro. Son crédo : cartonner un maximum. Jamer reste dans l’univers de la signature, du tag. Puis plutôt que de glisser vers le graffiti et la peinture sur toile, il prendra le pas vers le rap et montera avec son équipe un studio (Folimer) et un label (Folistar) avant de se diriger vers la vidéo.
Il est aujourd’hui monteur professionnel mais n’oublie pas ses amours des débuts. Il a ainsi réalisé plusieurs documentaires dont un sur l’univers du hip-hop et du graffiti Traits Portraits, puis récemment Sky’s the limit, les peintres de l’extrême sur le néo-muralisme.
« SETH ONE : Une fois que tu es habitué à laisser ta trace quelque part, après, partout où tu vas, tu as besoin de te dire que tu repars en laissant quelque chose… »
A propos du crew…
« KATRE : [Le crew ] c’est une bande de potes avec qui expérimenter des choses. »
« SETH ONE : Il y en a pour qui c’est une charge et il y en a pour qui c’est une force. (rires) »
#3 Graffiti VS Street Art
« JAMER : Street art : terme mis à toutes les sauces pour vendre du graffiti institutionnel ! »
« KATRE : J’aime pas ce terme de Street Art, je trouve qu’il mélange tout. Nous on vient de la culture du graffiti, il ne faut pas oublier de rappeler que notre parcours c’est ça donc on est plus post graffiti que street art. »
Katre
Né en 1977, Katre est lui aussi un enfant du 14ème. Dés ses débuts dans le graffiti avec les STS, Katre emmène ses lettrages vers des styles différents. Au fil du temps il explose de plus en plus ses lettres pour arriver à son style.
Il mêlent maintenant photo d’explorations urbaines et graffiti. Katre est le seul des STS à vivre aujourd’hui de son art. Il expose en galerie et est représenté à Paris par la galerie Wallworks. Il participe aussi à de nombreux projets initiés par la mairie du 13ème et la galerie Itinerrance.
Un message à délivrer à la nouvelle génération de graffeurs…
« SETH ONE : Courrez vite, travaillez le cardio, pas trop de réseaux sociaux et continuez a bien tout arracher ! »
Le graffiti ne les a jamais quitté, et même si leur parcours professionnel ont pris différentes directions, leur passion reste leur ciment commun.
Crédits photographiques : ©STS crew
– Doriane Coelho –
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain