Bisser et son univers poétiquement social

14 octobre, 2016

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Né en 1990 à Leuven en Belgique, Bisser est un artiste à la notoriété grandissante. Découvert publiquement en 2015 au Bloop Festival à Ibiza, il se démarque comme l’un des trois meilleurs artistes du festival. Dés son plus jeune âge il participe à de nombreuses expositions et festivals en Belgique et au Brésil, puis suit des études d’animation à Ghent.

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Brooklyn ©Jaime Roj

Le jeune homme dessine depuis son enfance, sous l’influence de son frère, dessinateur et adepte de Comics book. Les  références de cet ainé, tel que Kid Paddle, deviennent alors les siennes. Il puise aussi son inspiration dans l’univers cartoon, comme les Simpsons.

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Big Fish in a small pond, 2016, Ghent, ©Global Street Art

Smoke Signal, Leuven 2016 ©Bisser facebook

Existenz festival 2016, Everlee. ©Bisser facebook

«Je voulais toujours le copier» révèlera t-il en parlant de son frère. C’est ainsi que quelques années plus tard, lorsque son frère commence à peindre des graffitis, que Bisser suit son exemple. Ses études d’animation lui permettent ensuite de faire évoluer ses lettrages en se focalisant d’avantage sur la 3D et l’abstraction. Ses aspirations l’entrainent même à réaliser un petit film d’animation où il met en scène ses graffitis en 3D, sur fond musical. D’autres animations lui succèdent par la suite (à découvrir sur vimeo).

La Trampa, 2015, Bloop Festival, Ibiza ©Global Street Art Blog

La Trampa, 2015, Bloop Festival, Ibiza ©Global Street Art Blog

Smoke Signal, Leuven 2016 ©Bisser facebook

Smoke Signal, Leuven 2016 ©Bisser facebook

Le choix de son Blaze se fait lors de sa première année d’étude. Ses examens de fin d’année s’étant déroulés sous de mauvais auspices, il se voit obligé de faire une nouvelle première année. Il redouble comme on dit dans le jargon français, en néerlandais on traduit ça par le verbe bissen. «Je me suis donc appelé Bisser».

Bisser peaufine son style à travers divers influences. Lorsqu’il commence le graffiti, c’est le magazine français Graffbombz qui marque le plus son évolution. «J’ai beaucoup appris de ce seul exemplaire (je n’avait pas d’argent pour un autre…)». Son style a alors glissé vers un graffiti en trois dimensions.

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2016, Oeuvre sur toile réalisée à l’occasion de l’Underground Group show par Graffiti Street, 60×80 cm, Hoxton ©Graffiti Street

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©Global Street Art

Ayant toujours préféré le dessin à la peinture, le cartoon anthropomorphe a très rapidement fait son apparition dans ses compositions murales. «Tout commence depuis le simple désire de dessiner quelque chose de totalement différent.»

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©Global Street Art

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Fortaleza, Brésil ©Global Street Art

Bisser : un art au service des grands défis du 21ème siècle

Ses personnages aux bouches béantes, aux faciès hyper expressifs et aux douces carnations, symbolise une sorte de cris poétique. Leurs proportions non-naturalistes accentuent leur fragilité criarde. Des membres fins et allongés transbahutent leur corps trapu et potelé, lourds comme le poids du message que les visages véhiculent. Car le message est centrale dans les oeuvres de Bisser. Le contexte fait partie intégrante de la composition. L’histoire du lieu dans lequel sont transposés ses personnages résonne dans la narration de la scène dessinée. Les murs réalisés par l’artiste regorgent de petits détails substantiels, dont l’oeil n’a de cesse de découvrir avec curiosité et plaisir.

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2015, Murs réalisés pour la House of Food au Day One festival, Roeselare, ©Bisser

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2016, Leuven ©Bisser

Sous l’apparente poésie de ces fresques, jaillit une véritable clameur silencieuse, aux problématiques humanistes que sont la barbarie, la solitude, l’individualisme… Dans la lignée d’artistes  comme Know Hope  ou Dran, Bisser amène l’illustration au rang de force dénonciatrice, déployée à grande échelle dans les rues de nos villes.

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Garbage Belly, 2016, Oeuvre sur bois réalisée à l’occasion de l’Underground Group show par Graffiti Street, 38×28 cm, Hoxton ©Graffiti Street

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New-york ©Global Street Art

Le printemps 2016 a été une période riche en projet pour notre ami Bisser !
Il nous dévoile tout d’abord en mars «Eats His Greens in Heverlee», réalisée pour The Existenz Festival (Heverlee, Belgique). Il dépeint ici deux personnages, bouches grandes ouvertes, impatients de déguster une partie de la verdure qui les entoure. Un double message écologique et destructeur peut être interprété dans cette oeuvre. D’une part notre besoin et envie de vivre plus sainement et en accord avec la nature. D’autre part, notre terrifiant rôle dans l’écosystème au sein duquel nous détruisons plus que nous n’en avons besoin. La ridicule petite porte symboliserait alors notre mépris des existences autres que la notre.

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Eats His Greens in Heverlee, 2016, Existenz festival, Heverlee ©Bisser

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Mi-avril 2016, c’est avec l’oeuvre Kraken gaat door! (Leuven, Belgique) qu’il nous surprend encore. Crunch continus, si on traduit le titre en français, représente des personnages agglutinés dans un espace exiguë. Le mur initial intéressait tout particulièrement le street artiste par la présence de portes et fenêtres qu’il s’est amusé à intégrer à sa composition. Il décrit cette oeuvre comme un trompe l’oeil, où, à l’image d’une pièce de théâtre, le quatrième mur a été aboli. Le titre Kraken gaat door! est tout simplement le slogan qui arpentait le mur avant l’arrivée de l’artiste.

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Kraken Gaat Door, 2016, Leuven ©Bisser

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C’est à peine quelques jours après, en Avril 2016, que nous avons pu découvrir sur les murs de Tienen (Belgique) l’oeuvre Sugar Rush dans le cadre du Wild Brabant Festival. Il est ici question d‘alimenter deux personnages à tête de café et de thé, à l’aide de sucre à couper en deux morceaux. L’horreur de la scène réside dans l’expression des sucres, dont les parties représentent deux alter ego. Les sucres proches des tasses sont alors terrifiés, tandis que les autres sont ravis que leur sort ne soit pas entre les mains des consommateurs de sucre. Ils peuvent ainsi soit s’échapper, soit se dorer la pilule au soleil. Là encore, Bisser intègre parfaitement son oeuvre au contexte dans lequel il l’a placé, puisque la ville de Tienen est réputée en Belgique pour sa production de sucre.

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Sugar Rush, 2016, Wild Brabant Festival ©Bisser

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Et c’est enfin, à la fin du mois d’Avril que l’immense fresque Arendschot voit le jour. La scène repose sur la légende de la ville Aarschot, dans laquelle elle est peinte.

Lors de la conquête de la région par les romains, Jules César tire sur un aigle. Il est par la suite honoré d’un discours de son neveu, Aurelianus, au sujet de ce beau trophée. César, flatté, offre alors à son neveu les terres depuis lesquelles il a chassé ce butin. Anciennement appelée Arendschot (Tir d’aigle), la ville s’appelle aujourd’hui Aarschot.

Bisser a repris cette légende, en illustrant la mort de l’aigle, avec la découverte par trois personnages du cadavre de l’animal sous terre. Le trompe l’oeil est encore une fois éloquent.

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Arendschot, 2016, Aarschot ©Bisser 

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On commence tout juste à voir apparaitre son travail en galerie, notamment à la Gogallery d’ Amsterdam ou à l’arcadium gallery à New York.

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Vidéo : Melt – Bisser, 2015

Retrouvez plus d’informations sur l’artiste :
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Doriane Coelho

14 octobre, 2016

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Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain

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