Speedy Graphito pseudonyme d’Olivier Rizzo, est un artiste français, né en 1961. Son art joyeux et revendicateur a fait de lui l’un des pionniers de l’art urbain français. A la confluence entre la figuration libre et le street art, l’artiste arbore depuis trois décennies une créativité inépuisable. Protéiforme, il n’a de cesse de jongler entre plusieurs disciplines: peinture, dessin, sculpture, photographie, performance et vidéo. C’est en bon Dj, comme il aime se définir, qu’il mixe symboles d’oeuvres classiques et figures de la pop culture.
« Je ne suis qu’un traducteur des choses ; je prends les arts, je les mélange et je les télescope. Je mélange les époques. »
– Interview de Speedy Graphito par François Julien, catalogue d’exposition Speedy Graphito, un Art de vivre, Rétrospective –
Ces premières fois qui ont fait de lui ce qu’il est…
1983: «Mon premier mur»
Très tôt passionné par la création, il réalise entre ses 14 et 19 ans des décors de théâtre. C’est ainsi tout naturellement qu’il suit par la suite un cursus artistique et entre dans l’école d’arts appliqués Estienne. Une fois ce bagage académique acquis, il s’empresse d’imprégner les rues de ses graff, dés 1983, en créant avec ses collègues de l’école le crew X-Moulinex, connu pour leurs peintures sur les passages piétons. Il continue l’année d’après, seul avec ses pochoirs, et crée le petit personnage «dédé le démon», sorte de robot halluciné à la coiffure en strident, qui devient pendant quelque temps sa marque de fabrique.
1984: Première exposition en galerie avec Et Dans Dix Ans, Qui ? à l’Espace Cardin en collaboration avec Jérôme Mesnager.
1985: Il réalise l’affiche de La Ruée vers l’Art pour le ministère de la Culture. «Du jour au lendemain, j’étais connu.» Propos recueillis pour Brain Magazine. Toujours soucieux depuis de rendre son travail accessible, notamment à travers l’espace public, il est régulièrement invité a réaliser des fresques collectives.
1986: Première FIAC.
1987: «Je crée le Lapinture.»
Bien plus qu’un personnage, Lapinture devient la figure emblématique de Speedy Graphito. Décliné sous toutes les formes et à travers les âges, il est un véritable double du peintre. Il exprime à travers lui toutes ses préoccupations artistiques et états d’âmes, avec toujours une bonne dose d’humour.
«C’est un personnage avec lequel je suis marié à vie.»
-Propos recueillis pour Brain Magazine–
1993: Il peint le logo de la mission spatiale franco-russe Altaïr.
«Je me dis qu’il y a une partie de mon travail dans l’espace et que si la terre explose, au moins, il en restera quelque chose.»
-Brain Magazine-
S’inspirant perpétuellement de ce qui l’entoure, son art évolue et suit les mutations de notre société. En 1983 ses oeuvres s’incorporent dans le style eigthy’s, dans les années 2000 il aborde le thème d’internet et de l’abondance des images avec Google, et à partir de 2012 ses tableaux deviennent des Smartphones géants, à l’image de notre quotidien.
«Chaque œuvre est une pierre retraçant le parcours de ma vie. Je suis le cobaye de mes propres expériences.»
– Propos recueillis pour Artist Up –
Aujourd’hui l’artiste s’aventure de plus en plus vers le terrain du numérique et intègre dans ses compositions nouvelles technologies et culture populaire (jeux vidéos…). A travers l’humour et les couleurs acidulées, Speedy Graphito nous interroge ainsi sur notre rapport à la société consumériste et à la mondialisation.
Les icônes Disney et Comics au service d’une street figuration libre
Tout comme la figuration libre, les oeuvres de Speedy Graphito se caractérisent par le non respect des règles classiques. Influencé par la culture pop et l’iconographie Disney qu’il mixe avec l’art urbain, Speedy Graphito critique notre société de consommation avec humour et dérision. Il n’hésite pas à détourner les marques et messages publicitaires desquels nous sommes quotidiennement submergés. Il cherche à «créer des images fortes, qui ne soit pas neutres», explique t-il lors d’une interview pour Artistik Rezo.
«Je crée par curiosité. J’aime être étonné et me surprendre. »
– Artist Up –
Ses personnages tirées de nos souvenirs d’enfance offrent ainsi à l’artiste l’arme de la mémoire collective pour mieux nous atteindre et nous interpeller. Sa palette vive et ses compositions humoristiques sont aussi des outils pour adoucir des messages bien moins innocents.
«J’ai aussi remarqué que si j’utilise des références, dans mes tableaux, venues de la propre enfance des gens, ils enlèvent un peu certaines barrières.»
– Artistik Rezo –
Première rétrospective dans un musée !
«Je ne suis pas contre le marché de l’art. Il me permet de vendre mes toiles pour en faire d’autres, c’est un mécanisme où tout le monde trouve son compte.»
– Artistik Rezo –
Habitué aux galeries depuis ses débuts, l’artiste est désormais reconnu internationalement dans le marché de l’art urbain contemporain. Sa côte n’a rien à envier à celles de ses ainés Robert Combas ou Hervé di Rosa. En février dernier, l’une de ses oeuvres a atteint aux enchères les prix alléchant de 37 700 euros. Il ne manquait plus qu’à Speedy Graphito d’intégrer, aux côtés des grands du genre, les collections institutionnelles. C’est désormais chose faite puisque depuis octobre 2016 le musée du Touquet offre pour la première fois à l’artiste une rétrospective ! Un honneur pour Speedy Graphito si sensible aux codes de l’art classique. Depuis ses débuts dans les années 1980 à ses œuvres plus récentes, l’exposition propose une immersion dans le monde de cet ancien graffeur, pour qui la question de l’image à travers les époques tient une place prépondérante.
Exposition rétrospective Speedy Graphito, un art de Vivre à découvrir jusqu’au 21 mai 2017 au Musée du Touquet.
Crédits photo: ©Speedy Graphito
Reportage // Speedy Graphito // Interview :
– Doriane Coelho –
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain