Michal Wrega, plus connu sous le pseudonyme de Sepe, est un artiste polonais né à Warsaw en 1982, où il vit toujours aujourd’hui.
Evolution artistique
Dans les années 90, Sepe se fascine pour le mouvement graffiti alors naissant. Il s’expérimente au lettrage sur les murs de sa ville. Avant l’obtention de son diplôme de design à l’Académie des Beaux-Arts de Łódź en 2009, Sepe était un artiste complètement autodidacte. Avec ses études il apprend à mélanger peinture et, ce qui deviendront ses principales influences, l’illustration et le design d’affiche.
Il crée ainsi son propre style, où l’iconographie est à la fois très dessinée et très libre, tant dans son format que dans sa composition. Ses personnages, maniéristes sous certains aspects, définis par des lignes délicates et fugaces, prennent place dans des scènes urbaines quasi poétiques. Entre effroi, étourdissement et euphorie, ses fables sont la traduction d’un chaos urbain où la solitude côtoie la foule.
Très présent sur les murs de Pologne, il a aussi peint ces dernières années dans de nombreuses villes d’Europe, mais aussi en Géorgie, en Albanie, aux États-Unis, ou encore en Russie. Il a réalisé quatre expositions personnelles à la galerie SOON à Zurich, à la galerie Lawrence Alkin à Londres, à la galerie Baraka à Cracovie et à la galerie Viuro à Varsovie et a participé à des expositions collectives à travers le monde.
Critiques et constats
Le style de Sepe illustre sa vision critique de la société, en distordant la figure de l’homme moderne. Il retrace, à la fois de manière grave et grotesque les facettes schizophréniques de l’humanité dans sa jungle urbaine.
Le cirque est aussi l’une de ses armes favorites. Le quotidien illustré avec ce ton clownesque amène à questionner sur la condition humaine, bercée entre innovations techniques et racines animales. Cette ambivalence crée un état de tension dans la plupart de ses compositions.
Dans son œuvre « Education System » Sepe utilise la métaphore d’un théâtre de marionnettes pour attirer l’attention sur la «rhétorique de la guerre» présente dans le monde de la politique et des médias.
Cette manipulation amène, selon l’artiste, à « des solutions forcées, où le point est l’argument final à toute discussion, avec l’option du fusil au lieu de la main tendue et des murs au lieu des ponts ».
Sa palette est limitée et principalement faite de camaïeu. Quelques touches de couleurs complémentaires amènent la lumière et la chaleur suffisantes pour attirer l’attention sur la scène principale. Ses compositions graffuturistes sont non sans rappeler la technique de Robert Proch (école de Lodz également et grand ami de Sepe). À cette différence que l’art de Sepe traite certes de sujets terre à terre, mais toujours à travers une imagerie onirique.
Sepe et Chazme
Dans leur duo emblématique, Chazme et Sepe se complètent parfaitement. Chazme vient d’une école d’architecture, très différent donc de l’école de design graphique de Sepe. Dans leur composition commune, Chazme créé ainsi l’espace, l’univers, et Sepe animent les personnages.
Dans leur mur Car Dummies ils ont cherché à représenter l’image du trafic urbain et son incidence sur la population. Selon eux les habitants des villes surpeuplées se sentent comme des cobayes de crash test: instrumentalisés et violentés.
Ce mur se situe d’ailleurs tout prêt d’un mur peint par un autre duo de polonais : les Etam Crew, l’une des premières influences (et amis) de Chazme et Sepe.
Solo Show: Sleeping Through The War
Il expose jusqu’au 12 novembre 2017 à la galerie Varsi en Italie avec son exposition Sleeping Through The War ou le chaos et la logique coexistent paradoxalement.
Selon Sepe, « la rhétorique de guerre [est] de plus en plus vivante et perturbante ».
La guerre est la société la plus lucrative et la plus cynique. La violence et l’ignorance sont des éléments attrayants et constitutifs de la culture pop : les armes sont élégantes, les gadgets chic, le tout très divertissant.
Le conflit est clair dans les contradictions qui envahissent ses personnages. Les hommes, les femmes et les enfants participent à la manifestation de violence, aliénés et désolés. Sleeping Through The War est un miroir extravagant, cruel, ironique et dramatique dans lequel les spectateurs se reflètent et sont forcés de réfléchir. (Cf. CP)
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– Doriane Coelho –
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain