Julien Breton aka Kaalam est un artiste français spécialisé dans le light-graff. L’art de ce magicien de la lumière ne s’arrête pas à de simples représentations photographiques, Kaalam a non seulement inventé sa propre calligraphie mais a aussi créé tout un univers de musique et de danse autour du light calligraffiti. Eblouissants, ses shows nous transportent au delà des frontières.
Mêlant culture française et arabe, et entrelaçant danse, musique et calligraphie, Kaalam a réussi la parfaite symbiose entre des univers trop souvent éloignés. Il parcours le monde entier. Du Maroc aux Etats-Unis en passant par la Chine et les Emirats Arabes, il investit de nombreux festivals de light graff dans lesquels il a déjà remporté plusieurs prix (à l’international Urban Arts Awards, au Dubaî Lynx Awards…).
En attendant de le revoir sur notre scène parisienne, Strip Art vous propose une immersion dans ce monde de lumière et de gestes chorégraphiés.
Interview calligraphique avec Kaalam
STRIP ART : Comment la calligraphie est entrée dans votre vie ?
KAALAM : Par un livre du calligraphe Hassan Massoudy qu’on m’a offert. J’ai alors découvert la calligraphie arabe et cela m’a subjugué… À partir de ce moment j’ai commencé à reproduire des calligraphies arabes avant de developper mon propre alphabet latin inspiré de l’esthétique arabe.
« Mon objectif était d’essayer de créer un pont entre la culture arabe et latine. »
STRIP ART : Comment vous est venue l’envie de l’extrapoler jusqu’au light calligraffiti ?
KAALAM : Un photographe m’a un jour contacté pour me faire découvrir la technique du light-painting. À partir de ce moment là ce fut une révélation. Je pouvais, grâce à cette technique, avoir une toile de fond de la taille que je souhaitais afin de commencer à travailler de façon de plus en plus gestuelle. Cela, mélangé à la possibilité d’utiliser un espace en trois dimensions… J’ai tout de suite commencé à créer énormément en light-painting.
STRIP ART : Quel est votre lien avec le monde du graffiti ?
KAALAM : Mes influences : Marko 93, El Seed et ma culture étant proche du mouvement Hip-hop, le graffiti faisait parti de mes repères.
STRIP ART : Quel est votre parcours ?
KAALAM : J’ai un BTS audiovisuel en administration puis j’ai participé au développement de l’association Pick Up Production qui organise le festival international Hip-opsession à Nantes. J’ai ensuite fait partie de l’agence coopérative de communication et d’événement Scopic. Depuis 10 ans je suis indépendant en calligraphie.
STRIP ART : Vous dites faire de la calligraphie avec un style oriental mais un sens français, c’est à dire ? Votre alphabet est-il lisible par n’importe qui ou bien faut il avoir des codes bien précis pour le déchiffrer ?
KAALAM : Effectivement, mon alphabet est lisible mais comme tout alphabet calligraphique il faut le connaître un minimum si l’on veut le déchiffrer. D’autant plus que parfois, la liberté que je m’autorise à avoir sur la composition rend difficile la lisibilité.
STRIP ART : Pourquoi avoir eu envie de mélanger ces deux cultures littéraires ?
KAALAM : Jeune, je vivais en quartier populaire et mes amis était tous français d’origine immigrés.
« Je me suis confronté très tôt à la problématique de l’acceptation de la culture arabe sur le sol français. »
Chaque fois que mes amis et moi rentrions dans un magasin, seul mes amis était suivi par un vigile.
« Lorsqu’on est noir ou arabe aujourd’hui en France, on vous le rappelle chaque jour. »
Soit par un regard, soit par les préjugés professionnel, pour simplement accéder à un logement. Il n’y a qu’à voir le nombre de contrôle au faciès des français d’origines arabes et noirs en France pour s’en rendre compte.
STRIP ART : Votre art se veut-il engagé ?
« KAALAM : Si prôner la tolérance et l’acceptation de l’autre est engagé, alors oui. »
Une technique de grands maîtres
STRIP ART : Pouvez-vous nous expliquer votre technique pour vos oeuvres photographiques ?
KAALAM : La technique du light-painting est une technique qui existe depuis l’invention de la photographie. C’est ce qu’on appelle la pause longue. L’appareil photo dans l’obscurité peut rester ouvert pendant une longue période afin de capter tout les mouvements lumineux qui se font face à l’appareil.
« Picasso, Man ray ou encore Georges Mathieu l’ont expérimenté des années 20 aux années 80 avant que les appareils numériques ne permettent un accès plus simple à cette technique. »
STRIP ART : Comment chorégraphiez-vous vos calligraphies avant la prise de vue ?
KAALAM : Je réalise d’abord la calligraphie avant de la transposer en calligraphie lumineuse. Cela me demande de longs moments d’apprentissage de la « chorégraphie » de la calligraphie. Je dois répéter chaque mouvement afin de trouver mes repères dans l’espace mais surtout grâce à mon corps.
« Millimétrer chaque déplacement est essentiel. »
STRIP ART : Comment se présentent vos oeuvres en exposition ? Mode d’impression spécifique, scénographie particulière ?
KAALAM : Elles sont imprimés sur papier photo, sur aluminium ou encore sur bâche. Cela reste une exposition de photographies.
STRIP ART : Exposez-vous dans une galerie en particulier ? Comment se procure-t-on vos oeuvres ?
KAALAM : Non, je n’expose pas dans une galerie en particulier mais à l’occasion d’événements. On peux se procurer les oeuvres à ce moment là ou sur mon site Internet.
Danse et light graff
STRIP ART : Quand avez-vous créé la compagnie Turn off the light et pourquoi ?
KAALAM : Lorsque j’ai découvert le light-painting, j’ai senti tout de suite le lien qu’il pouvait y avoir avec la danse et la musique.
« La calligraphie est empreinte de mouvement et de gestuelle. De rythme aussi. »
Mêler ces deux pratiques était pour moi une évidence.
STRIP ART : Comment la danse est entrée dans votre processus créatif ? Etes-vous danseur aussi ?
KAALAM : Non je ne suis pas danseur. Je laisse la calligraphie prendre le pas sur ma chorégraphie et mes mouvements sur scène. La danse est rentré très naturellement dans mon processus créatif. Voir les danseurs répéter leurs mouvements, trouver leur souffle, est tellement proche de ma façon de concevoir les calligraphies lumineuses que cela s’est fait simplement.
« J’étais bien sûr sensible à la danse avant mais la découverte du light-painting m’a permis de voir le lien indissociable entre la calligraphie et la danse. »
STRIP ART : Pendant vos représentations avec la compagnie, comment se déroule ce procédé mi-spectacle mi-light painting ? C’est passionnant mais déroutant !
KAALAM : Les danseurs (Razy Essid et Stéphanie Naud) évoluent en lumière sur la musique (de Dj One Up) avant de se positionner à un endroit précis. La lumière (piloté par Vincent Potreau) diminue lentement pendant que le photographe (David Gallard) placé au milieu du public déclenche l’appareil photo et les flashs qui se trouvent sur les côtés de la scène, figeant ainsi l’image du danseur sur la pellicule. J’interviens ensuite autour du danseur immobile pour réaliser une calligraphie autour de lui. Elle s’affiche ensuite en fond de scène avant de repartir sur un nouveau tableau dansé.
STRIP ART : Vous avez réalisé de nouveaux spectacles avec maintenant du light painting en temps réel. Comment se déroule ce procédé ?
KAALAM : C’est très different.
« Le light painting temps réel permet de voir la construction de la calligraphie en direct. »
Une caméra vidéo (piloté par William guignard de Studio-Light-painting) remplace l’appareil photo. Nous avons donc un écran de tulle en avant scène qui nous permet de projeter la calligraphie lumineuse dessus.
Shows
STRIP ART : Où aimez-vous vous représenter ou exposer ? Des lieux peut-être symboliques à vos yeux…
« KAALAM : Partout où on aime les gens qui aime partager. »
STRIP ART : Quels sont vos projets à venir ?
KAALAM : Continuer à developper de nouveaux spectacles et de nouvelles collaborations…
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain