Rencontre avec le street artiste réunionnais Jace et son alter égo le gouzou

8 mars, 2017

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C’est entre deux avions, après la réalisation de sa dernière fresque parisienne et au beau milieu de l’écriture de son nouveau livre que l’artiste Jace nous a accordé un petit entretient…

jace street art

© Yann Macherez


Ce graffeur né au Havre en 1973, part vivre avec sa famille à La Réunion en 1982. Connu pour ses personnages clownesques «les gouzous», il est aussi l’un des premiers à avoir détourné les affiches publicitaires de la capitale. L’humour et l’originalité de ses compositions sont souvent exacerbés par leur emplacement dans des lieux insolites.

jace graffiti

© Jace

jace gouzou

Ile de la Réunion, 2013


Jace est à l’initiative de nombreux projets artistiques, à la Réunion et ailleurs, mettant notamment en valeur les artistes locaux. En 2011 il réalise une douzaine de peintures sur voile sur l’île de Madagascar, projet qu’il poursuivra en 2014 avec la collaboration de ses «dallons», autres artistes graffeurs séduits par le projet. Éclôt de cette aventure le superbe film documentaire Du graffiti dans les voiles réalisé par Sami Chalak, projeté au festival SPRAY! de la Manufacture 111.

Du graffiti dans les voiles, Sami Chalak, 2015


Jace est une vraie pile électrique ! Sur 1000 projets en même temps, il prend tout de même le temps de savourer chacun d’eux, et continue de nous surprendre…

Rencontre avec cet enfant des îles à l’énergie débordante.


Interview de Jace par Strip Art


STRIP ART : Tes premiers graff c’était à la Réunion en 1989…

JACE : J’ai commencé à graffer après avoir découvert le graffiti en 84 lors de l’émission HIP-HOP puis plus tard dans le livre Subway Art (le best seller de Martha Cooper et H. Chalfant, ndlr), j’ai griffonné des tags sur mes pochettes d’école puis je suis passé à l’action en 89. Je n’ai, dés lors, cessé de peindre…

Saint-Denis, ile de la Réunion

Paris, 2009


Les gouzous


STRIP ART : Et à partir de 1992 «les gouzous» envahissent tes compositions…

JACE : Je ne me suis pas limité au gouzou car j’ai continué de peindre d’autres graffs en parallèle. Mais ce personnage est devenu un peu ma marque de fabrique, ce qui me différenciait des autres… Dés le début ce fut un attachement fort entre nous. Je ne l’ai plus quitté depuis. 

Botswana, Afrique

Marseille, 2015 © Jace


STRIP ART : D’où t’es venu ce nom «gouzou» et son graphisme ? 

JACE : Le graphisme est une recette mélangeant plusieurs ingrédients glanés ici et là chez d’autres artistes. Un espèce de gloubiboulga dans ma tête. Quand au nom, c’était une expression utilisée par un pote quand on était au lycée pour désigner les gens.

© Jace

Cape Town © Yann Macherez


De l’humour mais pas que…


STRIP ART : Considères-tu tes oeuvres comme emblématiques de problématiques socioculturelles ? 

JACE : Toutes mes oeuvres ne sont pas revendicatrices, mais mes images sont rarement que décoratives effectivement.

2015


« Le fait de peindre ou d’intervenir dans la rue ne doit pas rester un geste gratuit. »

Une prise de partie, un militantisme me paraissent important quand on s’octroie le droit d’intervenir dans l’espace public. Et les gens y sont sensibles.

Madagascar


STRIP ART : L’humour et le jeu restent centraux dans tes représentations…

JACE : J’ai grandi (comme beaucoup de ma génération) avec les débuts du jeu video (Pong pour le plus ancien) puis les petits jeux électroniques, les bornes d’arcade (d’ailleurs j’en possède une à la maison), les flippers… Mais je t’avoue que j’ai lâché un peu l’affaire dés l’apparition des game boy, trop chronophage ! Donc, cela m’arrive d’y faire référence dans mes peintures, mais cela reste très anecdotique.

Canal de l’Ourcq, Paris, 2015

Billboard, île de la Réunion


Entre rues et galeries


STRIP ART : L’idée t’est-elle déjà venue de créer une bd avec tes Gouzous ?

JACE : Oui, bien sur ! Mais je ne trouve pas que cela fonctionne vraiment et je me suis toujours mis la barrière de l’investissement en temps que cela représente.

© Jace


STRIP ART : Quel plaisir prends-tu à exposer en galerie ? Et, à la différence, dans la rue ? 

JACE : [En galerie] le plaisir est déjà la rencontre avec mon public. C’est aussi un moyen de gagner de l’argent sans avoir à voler une petite vieille ou à dealer de la merde…

« Mais cela ne remplacera jamais l’adrénaline dans la rue… »

Collaboration Seth Globepainter & Jace, Paris ©StreetArtNews

DiptyQ, Exposition à la galerie Mathgoth, 2014

DiptyQ, Exposition à la galerie Mathgoth, 2014 © LIONEL BELLUTEAU – unoeilquitraine.fr


STRIP ART : Tes projets pour 2017 ?

JACE : Ça va enchainer !

  • L’ouverture d’une galerie annexe à la mienne (qui existe déjà) ou je vais recevoir des artistes de l’extérieur
  • Un livre aux éditions alternatives
  • Une retrospective pour les 25 ans de mon personnage à la cite des arts à la Reunion
  • Un parcours d’une cinquantaine de peintures au Havre pour les 500 ans de la ville
  • Une grosse fresque à Aurillac
  • Une résidence au Maroc où je vais investir la medhina de Casablanca et de Marrakech
  • Une expo à Paris chez Mathgoth
  • La mise en place de court métrage d’animation avec le Gouzou
  • Le Danemark, peut être l’Ukraine… Et encore 10000 trucs que j’ai zappé …

 

Colombie, Barranquilla

Marseille, 2015


On vous avait bien dit qu’il avait de l’énergie à revendre ! Une multitude d’affaires de gouzous à suivre très prochainement donc…

Jace & Seth (Paris, mai 2014) :

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– Doriane Coelho –

8 mars, 2017

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Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain

Une réponse

  1. Louisiane dit :

    Bonjour ,
    Je salue ton talent
    Mi yaime, bé mi like
    Franchement lé top bonne continuation et hésite pas exprimé à ou sur la Réunion longtemps…
    Gouzou y vanne do riz ( la vanne )
    Gouzou y moude café ( gregue café )
    Gouzou avec un Boudou ( glace à l’eau)
    Gouzou avec un solpak ( jus dans une brique triangulaire)
    Gouzou dans son charette bœuf canne y depasse

    Lâche pas lo zafer lo style lé la et apprécié

    NarVu …. Louisiane de St Leu

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