Leonard Hilton McGurr aka Futura 2000 est un pionnier du graff new-yorkais. Bercé entre virtuosité et innovation, Futura est le premier graffeur des 70’ a avoir eu l’audace de mêler graffiti et expressionnisme abstrait. Figure emblématique du passage de la rue aux galeries, il est incontestablement respecté dans le milieu de l’art, tant par ses pairs qu’auprès des collectionneurs.
Futura 2000, le graffeur
Leonard Hilton McGurr est né en 1955 à New York. Il grandit dans le quartier de Brooklin avec une mère franco-américaine et un père irlandais. Il commence à graffer dés l’âge de 15 ans, influencé par les tags sur les murs et trains qu’il voyait sur le chemin de l’école.
La culture graffiti émergeait alors tout juste, mais marquait déjà les esprits.
« J’étais un ado, j’allais à l’école en métro et je voyais tous ces pseudos écrits sur les murs et les trains. Et à chaque fois je me disais “Whaou, c’est super, j’aimerais faire la même chose moi aussi”. Tout ça était très excitant. En tout cas, ça m’excitait beaucoup quand j’avais 15 ans. »
[Interview pour Les Inrocks par Julien Rebucci – 2014]
Inspiré par le film 2001 : Une Odyssée de l’espace de Kubrick et le livre Future Shock écrit par le futuriste Alvin Toffler, le jeune léonard se trouve une signature de super-héros : Futura 2000.
« Quand j’allais à l’école, sur le chemin, je pensais à un nom, à une signature. en y réfléchissant, c’est comme une publicité pour soi-même. » [Les Inrocks – 2014 ]
C’est ainsi qu’au début des années 70, il commence à peindre les wagons des lignes de métros à Brooklyn.
Une légende en devenir
Dès le début des années 70 il fonde avec Marc Edmonds aka Ali, le collectif des Soul Artists. Il appartient successivement à différents crews, dont celui des UGA (United Graffiti Artists). Stay High 149, l’un des membres des UGA, lui donnera définitivement goût pour l’art de rue.
Puis, aux côtés ses deux acoolytes Dondi et Zephyr, il déploiera son style.
« C’était mes deux “mecs” : nous avons fait pas mal de choses ensemble. » [Les Inrocks – 2014 ]
Futura fut le premier graffeur à recouvrir un train entier sans utiliser de lettrage. Il réussit la symbiose parfaite entre graffiti et expressionnisme abstrait.
« Quand j’ai commencé à faire des peintures en 1979-81, les gens me comparaient à Kandinsky et faisaient des références à d’autres artistes tout au long de l’histoire de l’art dont je n’avais jamais entendu parler ! » [ Biographie Widewalls ]
Connu pour son graffiti abstrait, il créé aussi en 1988, initialement pour la couverture de l’album Psyence Fiction du duo UNKLE, le Pointman, qui deviendra son personnage emblématique.
Le succès était tel que le fabricant de jouets japonais Medicom a même produit des figurines Pointman en collaboration avec Bathing Ape, Nike et Levi’s.
De la rue à la scène : en tournée avec The Clash
Au début des années 80 le groupe de rock anglais The Clash débute une tournée internationale. À leur arrivée à New York, les membres du groupe tombent amoureux de la nouvelle culture Hip-Hop qui émergeait dans le quartier de Manhattan. Il découvre le travaille de Futura et Zephyr et finissent par demander à Futura de les suivre dans leur tournée pour peindre pendant leurs concerts.
« Ce fut une des plus belles rencontres de ma vie. » [Les Inrocks – 2014]
Et la collaboration ne s’arrête pas là ! On a pu en effet entendre dans La chanson Overpowered by Funk des rap de Futura. Puis en 1983, le graffeur écrit et chante sur The Escapades of Futura 2000 avec Mike Jones (chanteur et guitariste des Clash).
Graffeur et chanteur avec ça !
Sa rencontre avec Keith Haring et Jean-Michel Basquiat : le tournant de sa carrière
En 1981, Futura 2000 expose pour la première fois aux côtés d’Andy Warhol et de Jean-Michel Basquiat. Cette exposition collective, New York/ New Wave, lui ouvrira les portes du monde de l’art légal.
En 1982, il organise sa première exposition personnelle à la Fun Gallery. C’est ensuite le début d’une longue série d’expositions à l’internationale.
Le graffeur reconnu pour son art vandale passe alors de l’autre coté de la barrière.
«Ce n’était pas mon but premier, ce n’était pas ma vision du street art et du graffiti.» [Les Inrocks – 2014]
C’est sa rencontre avec ces deux grands acteurs de l’art contemporain de l’époque qui chamboule la carrière de Futura et le propulse au rang d’artiste contemporain.
« A l’époque, je n’y connaissais rien en art. Je ne tentais pas de faire la transition entre la rue et les galeries d’art. Mais autour de moi gravitaient des personnes telles que Keith Haring et Jean-Michel basquiat. »
« Quelqu’un comme Keith Haring m’a aidé à percer. Il m’a recommandé de nombreuses fois dans des galeries new-yorkaises. Il s’y connaissait beaucoup en art, son histoire.
Keith Haring et Basquiat m’ont initié au monde de l’art. Ils m’ont aidé à être accepté par cette communauté qui formait une sorte d’élite. »
« Ce sont les plus grands artistes que j’ai jamais rencontrés et connus. » [Les Inrocks – 2014]
Sa carrière était alors lancée. Depuis Futura ne s’est jamais arrêté. Il a exposé dans de prestigieuses institutions telles que le MoMA PS1 à New York, le Boymans Museum à Rotterdam ou encore la Gallery Du Jour à Paris. Il est aujourd’hui représenté à Paris et à Shangai par Madga Danysz, ainsi qu’à Londres par la Hang-Up gallery.
Futura 2000 (ft. The Clash) – The Escapades Of Futura 2000 :
– Doriane Coelho –
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain