Alexandre Dizac, plus connu sous le pseudonyme d’Alëxone, est un artiste français né à Paris en 1976. L’oeuvre d’Alëxone est marquée par l’empreinte du graffiti. C’est à l’âge de 12 ans qu’il fait ses premiers pas dans ce milieu, sous le nom d’Œdipe. Il se fait alors connaitre avec ses œdiperies, mélange de calligraphie, graffiti et installations.
Célèbre graffeur dans les années 90, il est aujourd’hui un acteur majeure de la scène artistique française et internationale. Il continue ses collaborations avec d’autres artistes du street art, tel que le 9ème concept, multiplie les expositions dans le monde, et sait surprendre part de nouveaux projets insolites.
Alëxone est toujours là où on ne l’attend pas. On peut ainsi le retrouver dans la mode avec des t-shirts imprimés et des chaussons pour enfants; en collaboration avec Yomek pour des sculptures en bronze; ou encore avec des Chef étoilés. Adepte des group show, il a dernièrement exposé, en septembre 2016, aux cotés de Zest, Speedy Graphito ou encore Buff Monster, pour la Who’s your daddy à Lausanne. L’art d’Alëxone est ainsi visible de Paris à New-York en passant par Marrakech, Berlin, ou encore Miami.
Il vit et travaille en Belgique de 2004 à 2007 puis à Paris entre 2008 et 2013. En 2005. Sa première exposition d’envergure a lieu à Bruxelles. Au fil des années il délaisse peu a peu le lettrage au profit de l’art figuratif. Il développe ainsi un univers fantasmagorique très coloré, où l’humour tient une place centrale.
Son bestiaire est composé de personnages étranges et loufoques, dont il pousse la difformité à l’extrême, sans en extraire leur essence joviale. Il puise son inspiration tant dans la pop culture, la bande dessiné et le graffiti, que dans l’illustration et l’art classique byzantin.
Audacieux, il aime surprendre, en multipliant les techniques et en travaillant sur des supports aussi variés qu’originaux. Outre les toiles et les murs, les photos et tissus sont ainsi des médiums qu’Alexandre affectionne particulièrement. Il est aussi l’auteur de trois sculptures en bronze et d’une sculpture en cuivre d’inspiration marocaine.
Sa première monographie, Came A Yeux (Drug for Eyes), qui retrace ses années artistiques à Bruxelles, est publiée en novembre 2007 aux Editions Kitchen 93. En 2008 il entre au Centre Pompidou avec une exposition en collaboration avec le collectif 9eme concept et en 2009, La Fondation Cartier pour l’Art Contemporain lui réserve une place de choix à l’occasion de la rétrospective Né dans la Rue. Il intègre ensuite en 2011 la galerie Le Feuvre où il montera un grand solo show en 2012, intitulée Alacrité. Il est depuis aussi rattaché à la Kolly Gallery de Zurich et à la David Bloch Gallery de Marrakech. En novembre 2015 sort aux éditions Les Requins Marteaux, sont second ouvrage Alëxone Company, révélant les coulisses de son atelier de fabrication.
Estimé et considéré dans tout le milieu de l’art, Alëxone, est «un grand de ce monde» pour ne citer qu’Oxmo Puccino.
Humour et portrait sociétal ironisé
Alëxone arbore un style cartoonesque digne de Roger Rabbit dans lequel on retrouve les stigmates de l’art de rue. Ainsi, ses scènes représentent des animaux loufoques, de figures humaines masquées et de motifs végétaux, le tout sur un fond calligraphié à l’image de ses œdiperies.
Le jeune artiste oscille entre poésie urbaine et conte animé. Composées de pingouins auréolés, de bandits au long nez, d’éléphants hurleurs ou d’oiseaux majestueux, ses oeuvres sont un mélange de grottes antiques où l’homme à la place du détracteur armé, de fables psychédéliques où les éléphants pourraient s’apparenter aux éléphants ivres de Dumbo (Disney) ou encore de miniatures persanes aux récits complexes et détaillés. Ses personnages surréalistes, réalisés à partir d’aplats cernés d’ombres, sont mis en scène dans un monde hallucinogène et déjanté où règne une folie douce.
Les scénarios d’Alëxone suggèrent une multitude d’analyses et d’interprétations. Entre jeux de mots et d’esprit, cet univers farfelu et chaotique laisse entrevoir le spectacle d’une société animalière pleine de vitalité et d’effrayants visages. Car son art ne se limite pas à la simple expression d’un humour pictural léger. Ce travail d’orfèvre, bourré de détails et de précisions, de bizarreries, de références et de distorsions, trouble autant qu’il distrait. L’angoisse et le malaise sont l’une des clés de voutes des divers niveaux de lectures de ses oeuvres. L’art d’Alexandre Dizac est ainsi fait de toutes ces ambivalences, qui suscitent tant l’amusement que les interrogations et marquent de ce fait les esprits.
Parmi ses projets les plus originaux demeure celui avec la Palme d’Or du Grand Hyatt de Cannes. C’est en collaboration avec le chef étoilé Christian Sinicropi et son chef pâtissier Julien Ochando qu’il confectionne en mai 2016 plusieurs assiettes pour le grand restaurant. Ensemble ils ont décidé d’un plat : la langoustine, puis d’un dessert, que le street artiste a ensuite illustré à travers la création d’assiettes et de cloches en céramique.
Friands des expo collectives, En vie est celle, curatée par The French Art Dealer et Secret Gallery, qu’il a réalisé en octobre 2016 avec Julien Colombier et Sébastien Preschoux. L’objectif des artistes a été de transmettre à travers une vision anticonformiste l’envie de renouveau et d’excellence dans la création. L’espace, la matière et la lumière étaient ainsi au coeur de leur processus créatif.
Le point névralgique de cette exposition était une pièce envahie des oeuvres d’Alëxone, d’une manière des plus surprenantes. Avant d’y pénétrer, des lunettes 3D vous étaient données. C’est ensuite un manège rétinien qui vous attendait. L’intérieur de la pièce ressemblait à un feu d’artifice étourdissant, mettant en scène des personnages hauts en couleur, sur toiles et tissus. L’obscurité du reste de l’expo ne faisait que contraster avec l’éclatante vitalité de cette pièce psychédélique.
Il expose enfin depuis le 3 décembre en Allemagne, aux côtés de l’artiste Sumo. Brothers from Different Mothers est l’intitulé de ce duo show dans lequel les artistes il rendent hommage à leur amitié et à la vision artistique qu’ils partagent depuis leur jeunesse. À découvrir jusqu’au 31 janvier à la Galerie Art is Just a Four Letter Word à Soest.
Pour 2017, l’artiste nous réserve encore de bien belles surprises ! Il exposera au printemps 2017 avec la galerie AD à Montpellier, puis nous pourrons le retrouver dans une autre exposition personnelle, à Marrakech cette fois, à la fin de l’année 2017. De beaux projets donc, à suivre de près !
FIREWORKS / Interview d’Alëxone Dizac par Estelle Beauvais:
– Doriane Coelho –
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain