Incroyable talent de la scène urbaine polonaise, Robert Proch est aussi l’une des figures phares du graffuturisme. Né en 1986, il suit jusqu’en 2012 des études dans la prestigieuse université des Beaux Art de Poznan.

© Damian Christidis
Robert Proch évolue sur les murs des villes depuis le début des années 2000, faisant de son art la symbiose parfaite entre abstraction et figuration. À l’instar des street-artistes polonais Sepe, Bezt, Sainer, Chazme ou encore Nawer, il rempli d’année en année les rues de Poznan, sa ville natale, ou Lodz, capital du street art en Pologne.

Recycle, Robert Proch, Chazme, Proembrion, Cekas et Sepe, pour la Fondation Urban Form, Lodz, Pologne, 2014 © Marek Szymański

« Recycle », détails, © Graffuturism
Robert Proch se consacre au graffiti relativement tôt, à l’âge de 15 ans. «Au départ le graffiti était un moyen de pimenter mon quotidien autant que de rompre avec la peinture traditionnelle». Confiait-il lors d’une interview pour Graffiti Art magazine en 2013.
En 2009, après des années à peindre sur les murs, Robert Proch commence sa carrière en galerie. Sa rencontre avec l’artiste allemand Tobias puis le directeur de galerie Marco Schwalbe (Schwalbe & Schwalbe et de Stroke Art Fair) l’amène ainsi dans l’univers du marché de l’art. Ses premiers voyages à Berlin signeront le début de son ascension.

Paranoid Mirrors,100×100 cm, 2011 ©Stroke Collection
Reconnu pour sa technicité implacable, Robert Proch sait nous embarquer dans des fables quasi surréalistes, d’une architecturale sensualité. En parallèle à son travail de peintre, il réalise de petits films d’animation aussi dynamiques qu’époustouflants. On y retrouve son goût du mouvement et du chaos dans des œuvres délicates où la musique tient une place essentielle (à voir sur Vimeo).
Vidéo : Virus, Robert Proch :
«La constante nécessité d’exister dans une voie que personne ne me force à prendre, c’est le plus important. Être qui je veux être dans ma vie, et non ce que les autres attendent de moi.» Robert Proch pour Widewalls.
Robert Proch : Un chaos urbain minutieusement humanisé
Son besoin de réduire les choses à leur essence a placé l’abstraction et une certaine synthèse chromique au cœur dans son travail. Et c’est de son mentor, Francis Bacon, qu’il tire son expressionisme intime, inspiré de sentiments tels que la peur, le mensonge, la routine.
Ses univers sont le reflet d’une société bouleversée par le digital, où l’évolution technologique effraie et provoque la fuite : celle des lignes, des figures, des couleurs, toutes semblants virevolter au rythme électro-jazzy de Miles Davis, l’une de ses grandes références musicales. Le temps est alors aussi un élément incontournable de ses narrations, où la rapidité et le dynamisme font échos aux rythmes assourdissants que nous impose la jungle urbaine.
«Je vie au milieu d’une ville qui ne s’arrête jamais. À chaque fois que je jette un oeil par la fenêtre ou que je sors dans la rue je suis submergé par une multitude de lumières et de lignes. Bon nombres de scènes que je dessine sont directement le reflet de ces observations.» R.P dans le Graffiti Art magazine N°19.
Cette finesse irréprochable séduit de plus en plus de galeries (Intoxicated Demons, The Outsiders ou encore la Kirk Gallery) et enivre les passants que nous sommes, dans les rues du monde entier. On pense notamment au nouveau mur Enjoy The Silence réalisé début septembre 2016 avec les membres de l’Etam Cru, à l’occasion du UNIQA Art Lodz project en Pologne (organisé par Lodz Murals et curaté par Michał Bieżyński).

Enjoy The Silence, Rober Proche et Etam Cru, 768×437 cm, Lodz, © Uniqa Art
Que les amateurs se rassurent, l’artiste polonais n’a pas d’yeux que pour l’Europe de l’est. L’une de ses expositions solo eu en effet lieu, en mai 2015, sur notre tendre territoire français, à la galerie Openspace. Son intitulé «545 Days» était aussi le nombre de jour séparant le jour de la naissance de son fils et de l’ouverture du show. Sa nouvelle paternité était ainsi au cœur de ses créations, tel une déclaration d’amour à sa progéniture et à la femme de sa vie.

Bringing Dirty Shoes, 40×30 cm, Openspace, 2015

Discussing Absent, Diptyque, 70×100 cm, Openspace, 2015

Unknown Physics, 200×120 cm, Openspace, 2015

Lost Balance, 70×60 cm, Openspace, 2015
Et son périple français ne s’arrête pas là, puisque son actualité printanière de 2016 fut rouennaise ! Au mois de mai 2016, il réalise en 9 jours la fresque monumentale Omnia sur la façade du cinéma du même nom. Il manie ici admirablement l’architecture singulière du lieu en utilisant notamment les escaliers et les ventilateurs apparents. Une mise en abyme remarquable puisque la cinquantaines de personnages représentées regarde les passants comme si la rue devenait elle même le théâtre d’un film.

Détail de la fresque Omnia © La chaine normande
Rouen Impressionnée, Robert Proch – Omnia, 2016
– Doriane Coelho –
Catégorie(s) : Street Art / Art Urbain